On doit
quitter Creel vers 9h pour Batopilas, Au déjeuner, Cesar notre contact nous
informe que ce sera un peu plus tard, vers 11h30, finalement ce ne sera qu’un
début d’après-midi. Ce sera le seul inconvénient des 2 jours de visites. C’est
souvent comme cela que ça se passe au Mexique. Cela nous donnera le temps de visiter
le musée local et de faire quelques achats à la coopérative. On s’achète aussi
du fromage Mennonita et des biscuits. Il y a une petite communauté Mennonite
qui produit du fromage dans le coin.
Il y a
beaucoup de chiens affamés à Creel et d’enfant qui quêtent ou vendent des
souvenirs. Les deux font les yeux doux pour avoir leurs pitances. Le musée est très beau et raconte l’histoire
des Tarahumaras, ces derniers portent généralement une longue chemise et pas de
pantalons, dans le sud, car à Creel présentement, ça gèle à toutes les nuits. On
en croisera quelques-uns à Batopilas portant ce costume national.
Malheureusement je n’ai pas de photo sauf celle du musée. Le musée compte aussi
une belle momie.
Il y a deux
églises à Creel et le plus bel hôtel est le Best Western qui est très bien
décoré. Nous verrons des funérailles, le cercueil est dans une boite de pick up
avec une croix et tous les enfants qui sont trop jeunes pour suivre le camion à
pied.
On s’arrête
sur le bord d’un lac pour diner, on mangera notre fromage mennonite debout, car
les chiens sont achalant, ils surveillent chaque miette qu’on échappe, ils ne
sont pas agressifs, mais affamés. Malheur, Jean-Guy qui coupe les morceaux de
fromage avec son canif, échappe la brique. Mais heureusement, il est plus
rapide que le chien mexicain, et récupère le fromage. Une seconde de plus et on
perdait notre diner.
Nous
voyageons à bord d’un gros SUV Ford, en très bon état avec des pneus neufs.
Notre chauffeur Samuel est excellent, il conduit bien, et se sert des freins et
du moteur pour ralentir. Nous prendrons
des pauses aux endroits pittoresques, tel le Cerro de Pastel (montagne gâteau).
Nous avons 129 kms à parcourir, nous prendrons 4 heures, en autobus, ça prendrait
8 heures.
Un gros
camion vient d’avoir un accident, le chauffeur a enjambé et arraché un bon 100
pieds de garde-fou. Il a tout arraché sous le camion, il est assis sur le bord
de la route avec son passager et ils ont l’air découragés. La route est en
lacets, il y a beaucoup de débris qui descendent des montagnes. On descendra de
2100 mètres.
Notre hôtel
est juste avant d’arriver à Batopilas, une espèce de gros château mexicain, à
flanc de montagne. La chambre est immense et nous avons une douche dans un gros
bain en métal.
Batopilas est
un village magique, les espagnols y ont opérés des mines d’argent dès 1740. La
légende veut que les pierres de la rue soient en argent. C’est un américain qui
a finalement construit la dernière mine en 1890. Tout a été apporté à dos
d’ânes. C’est la deuxième ville au Mexique à avoir été électrifiée, après
Mexico. L’aqueduc, construit en 1890 fonctionne toujours. Entre Creel et
Batopilas, la température peut varier de 30 degrés Celsius.
C’est aussi
une ville du Cartel. On croisera quelques civils armés jusqu’aux dents. Ils
voyagent en gros SUV ou en beau pick-up neufs. À l’intérieur de 2 minutes on
rencontre un camion de policier et ensuite un camion du Cartel. Pourtant la
ville n’a qu’une seule rue principale et compte environ 1500 habitants. Les
gens du Cartel ne sont pas intéressés par les touristes, ils vérifient tout de
même discrètement qui sont les gens en ville. Ils connaissent les guides
touristiques et les camions utilisés pour transporter les touristes. Notre chauffeur, Samuel, est prudent et évite ces gens.
A un moment
donné sur la petite rue principale on rencontre une grosse voiture Chrysler, Samuel,
s’arrêtera et laissera l’auto passer. C’est un chef local du Cartel, il nous
regardera en passant. En fait le Cartel, c’est un peu comme nos motards, c’est
un employeur local qui fait ses affaires. Quand l’armée vient en ville, le
Cartel quitte la ville et y revient quand l’armée retourne à leurs bases.
Finalement, même si c’est une ville sécuritaire pour les touristes, je serai
tout de même attaqué.
Un oiseau
qui niche dans les arbres centenaires de la place centrale fera ses besoins sur
mon chapeau. Heureusement, un petit
oiseau car les dommages ne seront pas plus grand qu’un 10 cents. On visitera la
ville à pied, on traversera la rivière sur un pont suspendu avec des indiens du
coin. Même dans les 80 ans avancés, ils grimpent facilement les longs
escaliers.
L’autobus
du coin, c’est un camion avec une grande boite ou tout le monde s’empile. Il y
a une belle église et sur la place centrale un monument en argent qui est un
cowboy et sa mule transportant des lingots d’argent. C’était la façon de
transférer l’argent à Chihuahua, une distance de 400 kms. Un cowboy s’occupait
de 5 mules, et prenait 2 semaines à effectuer le trajet. Ces sentiers sont aujourd’hui utilisés par
des motocyclistes. Il y a 60 motocyclistes hors-pistes présentement en ville.
C’est en
1982 que la première voiture s’est rendue à Botapilas. La route est maintenant pavée, malgré les
éboulements constants sur tout le parcours. Nous souperons dans un petit resto
sympathique ou des dizaines de cartes d’affaires sont placées sous la nappe
transparente. J’y laisserai ma carte de voyageur.
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